
Adoptée en 1907 par l'IYRU (International Yacht Racing Union créée à Paris cette même année) suite à la Conférence de Londres en 1906, la Jauge Internationale a pour but de faire courir à égalité des bateaux de formes différentes réunis dans une classe de même rating. Ces bateaux, par exemple les 8mJI, ne sont donc pas des monotypes ..., ils peuvent être différents les uns des autres mais ils ont tous le même rating, ici égal à 8 et courent entre eux en temps réel.
Malgré l'absence des Américains, la création de cette jauge fut décisive pour l'ancrage durable du yachting dans l'arène olympique (Gérald Guétat, Yachting Classique n° 25), les 6mJI, 8mJI et 12mJI ont été série olympique dès les Jeux de Londres de 1908.
La One Ton Cup a longtemps fait courir la série des 6mJI.
La classe des 12mJI a été retenue pour disputer la Coupe America de 1958 à 1987, ils ont pris la relève des grands bateaux de la Classe J lesquels ont couru pour la dernière fois en 1937, encore selon la Jauge Universelle de 1903.
La Jauge Internationale définit des bateaux selon une équation spécifique. Le résultat (12, 8, etc.) ne représente pas la longueur, mais le résultat de l'équation correspondant à la classe des 12, 8, etc. mètre de Jauge Internationale. On dit aussi un rating de 12, 8, etc. Celui-ci correspond à peu près à la longueur à la flottaison en mètres.
Les Classes étaient à l'origine désignées par des lettres et non pas par le fameux chiffre souligné qui n'est apparu qu'en 1920 : lettre A pour les grandes goélettes (WESTWARD), B pour les 23m (CAMBRIA), C pour les 19m (MARIQUITA), D pour les 15m (TUIGA), E pour les 12m (MAGNOLIA), F pour les 10m (PESA), G pour les 9m (rare, SATANITA à Kiel), H pour les 8m (ESTEREL), I pour les 7m (rare, BLUE BIRD en Hollande), L pour les 6m.
La formule reprend les éléments de la règle de Copenhague (1898) en privilégiant les coques étroites en V et les grandes surfaces de voilure tout en oubliant le confort en croisière.
La formule de 1907 est la suivante :
Rating (en mJI) = 0,5 [L + B + 1/2G + 3d + 1/3 (√S - F)]
J = rating en mètre JI
L = une longueur mesurée un peu au-dessus de la flottaison (définition complexe ...)
B = maître bau ou largeur
G = longueur de chaîne prise à la flottaison ou corde (girth)
d = différence de cordes. Le facteur d du Danois Alfred BENZON taxe simplement et efficacement les déplacements légers. C'est la différence des longueurs (chaîne, corde, girth) prises à partir du même point au niveau du pont jusqu'au niveau du pied de quille entre celle d'une chaîne qui suit le galbe de la coque (skin girth) et celle d'une autre qui pend à la verticale (chain girth). On peut dire aussi que cela conduit à faire des carènes creuses de section en forme de U, ce qui augmente la longueur de flottaison à la gîte, donc la vitesse.
S = surface de voile au près en m2
F = hauteur du franc bord. Limite la perversion du calcul du facteur d qui aurait tendance à abaisser anormalement le franc bord.
Cette jauge a trois composantes : la longueur, le volume et la voilure.
Depuis, à l'origine de 10 séries de 5 à 23 mJI (le 4mJI n'est pas mentionné et le 5.5mJI est un cas particulier apparu en 1947), la jauge a connu deux modifications, en 1919 et en 1933, et de nombreux amendements.
En 1919, la formule devient :
Rating (en mJI) = 1/2,5 [L + 1/4 G + 2d + √(S) - F]
Dans cette formule le volume perd de l'importance et la voilure en prend beaucoup (facteur 1/3 à 1).
En 1933 la formule est la suivante (ici pour un rating de 12mJI) :
Rating (en mJI) = 1/2,37 [L + 2d + √(S) - F]
L étant la longueur de la coque, prise à 1,5% du rating (ici 18 centimètres pour les 12mJI) au-dessus de la flottaison. Ce qui fait 12 cm pour les 8mJI. (définition complexe on l'a vu ...)
D différence des deux chaînes : skin et chain girths,
S la surface de la voilure au près en m2,
F le franc bord.
La jauge spécifie également des aménagements minimum et surtout, parfois oublié, un nombre d'équipiers maximum (en principe = rating - 1, soit 5 personnes sur un 6mJI). De même la hauteur du gréement est limitée à deux fois le rating plus un mètre.
Ci-dessus AILE VI, l'avant-dernier des six (1) 8mJI de Virginie HÉRIOT (médaille d'or aux Jeux Olympiques de 1928 à Amsterdam et Coupe de France en 1929) mais celle-ci s'est également distinguée en remportant la One Ton Cup de 1927 avec PETITE AILE II l'un de ses six (2) 6mJI successifs tous appelés PETITE AILE sauf le premier qui s'appelait YARA.
(1) le premier AILE était un 10mJI (1912). Il y a eu six 8mJI, de AILE II à AILE VII.
(2) le 6mJI YARA et cinq PETITE AILE de PETITE AILE à PETITE AILE V.
Au début des années 1920, la Jauge Internationale connaît un développement fulgurant dans les pays scandinaves. Le Royal Yacht Club de Norvège (KNS) et le Royal Yacht Club de Göteborg (GKSS) comptaient plus de 1200 yachts dont plusieurs 23mJI et 15mJI ainsi qu'une belle flottille de 12mJI et une armada de plus petits.
En 1921 les américains adoptent à leur tour la Jauge Internationale avec la construction du 6mJI SHEILA par Nathanäel HERRESHOFF.
En 2007 le Centenaire de la Jauge Internationale de 1907 et des Classes JI a donné lieu à des régates organisées à Cowes pour le Mondial des 6mJI, sur la Clyde pour le Mondial des 8mJI et à Cannes pour le Mondial des 12mJI.