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COUPE DE L'AMERICA 1851-1988
LA GRANDE CLASSE, LES CLASSE J, LES 12mJI
Présentation

Le père de la Coupe America est John Cox Stevens qui, en 1844, fondait avec huit de ses amis le New York Yacht Club (NYYC) et en fut le Commodore (président en français).
Son bateau s'appelait MARIA, un sloop dériveur lesté à foc bômé (photo ci-dessus), plan Robert L. Stevens frère de John Cox, construit à Hoboken en 1845, le premier yacht à régater devant un public. Invité à l'Exposition Universelle de 1851 de Londres par le Commodore du RYS et souhaitant y afficher le niveau atteint par la technique de construction navale des Etats-Unis, le NYYC envoie en Angleterre la goélette AMERICA, achetée par John Cox Stevens, dessinée noire et basse de franc-bord par George Steers (1820-1856), construite au chantier de William H. Brown (Île de Manhattan, East River en bas de la 12ème Rue) et barrée par Dick Brown, un pilote du port de New-York.
AMERICA gagna la course organisée autour de l'île de Wight le vendredi 22 août 1851 ... et remporta ainsi la Coupe de Cent Sovereigns (guinées, pounds, ...), peut-être en prenant un raccourci. Ce trophée devait devenir la Coupe de l'America en 1857, année de la mort de John Cox Stevens, par la grâce d'un acte de donation de 239 mots, le Deed of the Gift, rédigé en 1852 par Hamilton Wilkes et spécifiant les règles d'une compétition amicale entre yacht-clubs. L'appellation Coupe de l'America n'est réellement apparue qu'en 1870, lors du premier défi.
Mais revenons au 22 août 1851, ce vendredi noir du yachting britannique. Ci-dessous le plan d'eau : l'Île de Wight, le Solent, Cowes (la Medina River et son embouchure appelée les Roads) les Needles et le bateau-phare du Nab.



En observant ses concurrents, Stevens se rend bien compte que son bateau est sous-toilé : pas de foc ballon, un seul foc bômé à l'avant, un seul flèche sur le mât arrière et, en plus, les mâts avaient été raccourcis de 4 mètres à New-York ...
Il obtient alors le droit de croiser ses voiles au portant, ce qui était interdit par les règles anglaises, il obtient également que la régate ait lieu en temps réel sans handicap et avec un vent minimum, de 10 à 12 noeuds, enfin il fait ajouter un second foc (fabriqué sur place par George Ratsey) amuré sur une extension du boute-hors réalisée localement par Michael Ratsey. Ses voiles étaient taillées plates alors que les voiles britanniques étaient plutôt très creuses.
A 10 heures, sept goélettes et huit cotres prennent le départ de la course qui va changer l'histoire du yachting. La goélette AMERICA cafouille au départ (dit "à l'appareillage" : on hisse les voiles au coup de canon préparatoire puis on lève l'ancre), part en dernière position mais rattrape vite la flotte. L'ambiance est à la bagarre, les Anglais ne sont pas décidés à laisser passer le challenger yankee. Mais au terme d'une régate pleine de rebondissements et d'une sérieuse controverse sur la marque du Nab Lights, le voilier américain l'emporte de justesse en passant la ligne à 20 h 37. AMERICA devance de seulement 8 minutes (on lit aussi 18 minutes) le petit cotre anglais AURORA qui passe la ligne d'arrivée au milieu de l'indifférence générale, dans l'ombre de la goélette noire. Sans parler du cotre irlandais WILDFIRE arrivé en tête mais hors course car refusé par le Comité pour cause de lest mobile ...
Un fait curieux s'ajoute à l'histoire : sur la Coupe, le nom du lauréat et ceux des perdants sont gravés, sauf celui d'AURORA qui a bien failli voler la vedette à AMERICA. Pourquoi ne figure-t-il pas à côté de ses compagnons de régate ? L'Angleterre nourrit ses mythes. AURORA n'était-il qu'un voilier fantôme ? Ou est-ce parce que ce jour là il n'y avait pas de second ?
La tradition de la Coupe de l'America est née.
La goélette AMERICA a été vendue à un aristocrate britannique, Lord de Blaquière qui l'a revendue en 1853. En 1861 elle appartient à un certain Decie qui la renomme CAMILLA.
Elle a été détruite sous son hangar dans un grain de neige au début de l'année 1942.

Coupe des Cent Guinées(The Old Mug, 1851). Aiguière façonnée en 1848 en 6 exemplaires par les orfèvres joaillers à Londres, Robert et Sébastien Garrard. Hauteur 68 cm pour 3,826 kg d'argent massif.
Le fond a été percé en 1880 pour permettre d'y boulonner un socle.
Frappée et abimée à coups de marteau le 17 mars 1997 par le Maori Benjamin Peri Nathan



Les bateaux étaient de taille et de performances disparates et très vite on chercha à mettre au point une formule de jauge permettant à des voiliers de longueurs et de formes différentes de combattre à égalité.
L'évolution est la suivante :
1870 - Premier défi, la Guerre de Sécession est terminée, la formule de jauge est basée sur la surface mouillée (à la flottaison) et le handicap est en secondes par mile du parcours.
1871 - Introduction du match à deux au lieu du un contre tous qui prévalait, le déplacement intervient dans la formule, on peut changer de bateau en cours de compétition.
1881 - Plus de goélettes mais des sloops.
1885 - On introduit la surface de la voilure : Rating = 1/3 [ 2L + √S ]
En 1899 elle devient : Rating = 1/2 [ L + √S ]
La longueur à la flottaison est proche de celle du Deed of the Gift, la surface de voilure passe de 743 à 1220 m2.
1920 - On tient compte des élancements et de la finesse de la coque.
1930 - C'est l'adoption du Règlement de 1903, celui de la Jauge Universelle de la Classe J (Nat Herreshoff). Le rating est fixé à 76 pieds.
Limitation du déplacement, remplacement des gréements auriques à grand-voile et flèche par le gréement bermudien. La flottaison doit être comprise entre 23,15 et 26,50 mètres pour une longueur hors tout de 36,60 mètres et un déplacement de 160 tonnes. Le mât ne doit pas dépasser 50 mètres au-dessus du pont. Les courses se courent en temps réel et non plus avec handicap.
En 1934 la formule s'écrit : Rating = 1/√D [(0,18 x L x √S) + d] = 76
1956 - Adoption de la Jauge Internationale de 1907 et du 12m JI pour la Coupe de 1958. Le règlement initial de la Coupe a en effet été remis en question par les Anglais et les Américains qui souhaitaient s'affronter sur des bateaux moins grands et moins lourds que ceux initialement prévus par les conditions de John Cox Stevens en 1857 (date à laquelle ce dernier fit donation au New York Yacht Club, sous conditions, de la célèbre Coupe qu'il avait remportée sur le plan d'eau de l'ile de Wight le 22 Août 1851). Les tribunaux de New York ont entériné cette évolution du Deed of the Gift. On a supprimé en particulier l'obligation pour le challenger d'avoir à traverser l'Atlantique.
1983 - Pour la première fois depuis 1851, la Coupe quitte la vitrine du NYYC : AUSTRALIA II bat LIBERTY
1987 - Abandon du 12mJI et, après l'épisode peu concluant de 1988, adoption du America Cup Class (ACC).
En résumé ci-dessous un tableau récapitulatif des 27 premiers défis :
(Le vainqueur sur fond blanc et, sauf mention à partir de 1962, le Défender est américain, le Challenger est britannique)

L'AMERICA est restée dans la Marine jusqu'en 1873, date à laquelle elle a été vendue à Benjamin Butler pour 5 000 $. Butler a couru et l'a bien entretenue avec une restauration par Donald McKay en 1875 et un réaménagement total en 1885 par Edward Burgess pour la garder compétitive.
Butler est décédé en 1893 et son fils Paul a hérité de la goélette mais il ne s'y intéressait pas et l'a donnée à son neveu Butler Ames en 1897. Ames a reconditionné l'AMERICA et l'a utilisée occasionnellement pour la course et la voile promenade jusqu'en 1901 quand elle est tombée en désuétude et délabrement. Le bateau a été vendu en 1917 à une entreprise dirigée par Charles Foster puis en 1921 a été vendu au America Restoration Fund qui l'a donné à la Naval Academy d'Annapolis. Il n'y a pas été mieux entretenu et est devenu sérieusement pourri en 1940.
Le hangar qui abritait l'AMERICA s'est effondré lors d'une forte tempête de neige le 29 mars 1942. Les restes du hangar et du navire ont été mis au rebut et brûlés en 1945.

Cet Aigle américain doré de 2,75 m de large décorait le couronnement de la goélette et a été restitué en 1912 au NYYC avec la barre à roue et le pavillon de 1851.