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JAUGES DES YACHTS
one-off, types, classes et séries, monotypes (one-design), à restrictions
L'architecte d'un bateau de course doit trouver le meilleur compromis entre les dimensions favorables à la vitesse (moteur) et celles qui contribuent au ralentissement du bateau (frein).
Tonneaux Caillebotte Méran
Série Internationale
Sk et Sqm, Malar, Udell
Lettres I, J et M à S
mJI, mR, cruising mR
Lettres, S-Rule
IOR=fusion RORC et CCA
Channel Handicap System
IOR Classic
HN, Portmouth Yardstick
MMLR, CCMA, JCH
Types, classes, séries, formules de jauge, rating, formules de handicap, coefficients, allégeances, attention le sujet n'est pas simple et le glossaire est difficile à maîtriser !
De nombreuses classes/séries ont précédé le Vaurien de 1953 ... 120, nous dit Daniel CHARLES. Certaines ont vécu à peine quelques mois, d'autres de 30 à 50 ans. La gestion des classes/séries a pour but de rendre les compétitions équitables (dont le résultat dépend davantage de l'équipage que du bateau) et les plus disputées possibles (ouvertes au plus grand nombre, économiques). Dès lors les bateaux sont soit des monotypes (tous identiques, leur construction obéit aux règles des séries), soit des bateaux de jauge (tous différents au sein d'une classe mais dont la construction respecte une formule de jauge, combinaison de dimensions mesurées, dont le résultat est le rating). Et ce n'est pas fini, ... une série monotype peut devenir à restrictions !
La classe regroupe plusieurs bateaux définis par des règles de classe, qui ont des points communs (une longueur par exemple, une surface de voilure ou une formule) et qui peuvent courir ensemble, le coup de canon à l'arrivée saluant le vainqueur en temps réel.
Un type peut contenir plusieurs classes : au sein du type Jauge Internationale il y a dix classes, de 23mJI à 5mJI (23-19-15-12-10-9-8-7-6-5, les 5.5mJI et 4mJI restant des cas particuliers) qui régatent chacune en temps réel, les 6mJI ne se mélangeant pas aux 8mJI et ainsi de suite. Si un 6mJI régate contre un 8mJI (deux classes différentes), le 8mJI rendra du temps au 6mJI.
Un type peut n'avoir qu'une seule série monotype avec dans ce cas des bateaux tous identiques.
Ces questions sont certainement affaire de spécialistes et, dans le dédale de l'histoire des jauges, l'amateur se demande pourquoi s'agissant de CALYPSO il peut se tromper en le donnant pour un 12 mètre de la Jauge internationale (la première, de 1907) alors que c'est un trois tonneaux de la Jauge GODINET de 1892, modifiée 1901, bateau qui effectivement fait environ douze mètres de long ?
Le même amateur se demande pourquoi un six mètre de la Jauge internationale fait en réalité un peu moins de douze mètres de long. Tout est donc à vérifier avec soin, c'est compliqué !
D'autant qu'une classe/série peut connaître une évolution telle qu'elle finit par comprendre des plans vraiment très différents : c'est le cas par exemple du fait des trois formules successives de la Jauge internationale (1907, 1919 puis retouchée en 1933).
Bibliographie
Bibliographie passionnante dont nous nous sommes en partie inspirés pour la rédaction de cette page.
Nous entrons dans ce monde fantastique, souvent illustré de noms du bestiaire : on y trouve en effet des Chat, des Bette, des Papillon, des noms d'oiseau (Hirondelle), beaucoup de noms de poisson (Grondin, Narval) et même des Rat. Nous ne mettons pas la marque du pluriel pour les noms de séries. Nous considérons aussi, peut-être à tort, que le mètre JI ne prend pas non plus la marque du pluriel.
Jacques Guiffrey, membre fondateur de l'UYF en 1891, en 1933 "Les monotypes français depuis 40 ans".
Pierre Belugou en 1948 "Monotypes et voiliers de course".
Daniel Charles en 2000 "Un siècle de voiliers de série français et lémaniques".
Jean Sans "Histoire des jauges".
Lire "British Yachts and Yachtsmen" publié en 1907, article écrit par un auteur anonyme pour "The Yachtsman magazine".
Lire aussi l'excellent blog de Dave Proctor.
Et le site du 8mJI VERANO II, 8mS converti 8mR, pour ses précisions sur la S-Rule, par Ole C. Östlundt.
Les jauges et les règles de classe/série sont régies et standardisées par une Autorité (nationale ou internationale) :
- En Grande Bretagne, la Royal Yacht Association (RYA) est créée en 1875. Son Secrétaire est à l'époque le très fameux Major Brooke HECKSTALL-SMITH et son nom d'origine est la Yacht Racing Association (YRA). Issue d'une rebellion contre l'YRA, la Boat Racing Association (BRA) a été créée en 1912 et sa règle de jauge a été très répandue parmi les petits bateaux, par exemple la classe des quatre saints patrons britanniques dont le SAINT-PATRICK, plan G. L. WATSON 1919.
- En Australie, Yachting Australia.
- En France, à la fin du 19ème siècle, l'Autorité supérieure est celle du Yacht Club de France (YCF) créé en 1867 après avoir failli s'appeler Société des régates parisiennes ou encore Société d'encouragement pour la navigation de plaisance. En 1868, le YCF comprend 119 sociétaires et 51 yachts (source Le YCF 1867-1917, exemplaire numéroté n° 200, Paris 1919).
Le journal Le Yacht, en fait un hebdomadaire, est créé en 1878 et permet la propagation des idées en matière de jauge. Les péripéties dues à la fâcheuse union (peut-être une idée fausse uniquement due à l'installation du YCF dans les locaux du Pavillon de Hanovre au 32 de la rue Louis le Grand) avec le Cercle de Jeux du Pavillon de Hanovre aboutiront à une scission au sein du YCF et à la création de l'Union des Yachts Français le 22 juin 1891. En 1902, tout rentre dans l'ordre et l'UYF reprend le nom de Yacht Club de France.
- Aux Etats-Unis, la North American Yacht Racing Union (NAYRU) est créée en 1897. Le Canada a fait scission en créant la Canadian Yachting Association (CYA) en 1931. En 1975 la NAYRU change de nom et devient la USYRU qui en 1991 prend le nom de US Sailing.
- En Scandinavie, la Nordic Sailing Federation (SSF) est créée en 1915. dans le but de coordonner les activités nautiques au Danemark, en Norvège et en Suède pendant la guerre WW1. Et de travailler activement à la future mise à jour de la règle métrique internationale. La Finlande rejoint la SSF en 1920.
Les formules de jauges (dans les formules √ = racine carrée)
Royaume-Uni
1750 - Les Anglais inventent la première jauge dite «au tonnage» (ou «à déplacement», c'est la Custom House Rule) qui consiste à mesurer la capacité de charge, donc le volume de la coque, en corrélant la longueur, la largeur et le creux. Ce dernier est difficile à évaluer et oblige à utiliser des artifices de calcul.
1845 - La tonne de la Tamise (Thames Measurement, TM). Cette formule est héritée du 18ème siècle et des premières méthodes de calcul en Europe du tonnage d'un bateau de commerce (jauge de transport par opposition à jauge de course) et a été adoptée en 1845 par le Royal Thames Yacht Club. Nota : le tonneau valait 2,83 m3 soit 100 pieds cube (poids 1016 kilos). Il ne s'agissait pas là du poids ou du déplacement du bateau mais du résultat de la formule :
Rating (en TM) = tonner = [(Lbp - B) x B x 0,25 B] / 94
dans laquelle Lbp est la longueur entre les perpendiculaires à l'étrave et à l'arrière du gouvernail (lenght between perpendiculars from stemhead to the after side of rudder post) et B le bau maximum. Le produit [longueur x creux] est évalué par (L - B) x 0,25 B.
Cette formule tendait à pénaliser le maître-bau et, en vue d'un rating le plus faible possible, les architectes ont dessiné des bateaux étroits et creux, à l'origine de ce que l'on a appelé les couloirs lestés, les mines à plomb (leadmines) ou encore d'expressions comme planked-on-edge, 6 beams to lenght (36 ft LWL pour un bau de 6 ft), sailing on ear (40 à 50° de gite).
La formule donnera les tonners, par exemple le Clyde 20-tonner TIGRIS, plan Alfred MYLNE 1899.
1882 - Pour corriger cette tendance, Dixon KEMP et G.L. WATSON font accepter par l'YRA une évolution de la formule :
Rating (en TM) = tonner = [(Lbp + B)2 x B] / 1730
Au début des années 1870 on faisait des bateaux à tableau (transom stern) puis après 1878 la mode est venue des bateaux surtoilés à voûte (counter stern), voir ci-dessous le plan de FEE et la photo de ZORAIDA, ou à guibre (clipper bow).
Cependant le maître bau est toujours pénalisé et le summum du concept planked-on-edge est atteint en 1886 avec l'aventure tragique de William Evans PATON sur OONA. Cette règle a été appliquée jusqu'en 1907.
1887 - Sail Area Rule
En cette époque victorienne à son apogée, une nouvelle formule voit le jour sous l'égide de l'YRA, avec un fait nouveau, la prise en compte de la surface de voilure (SA en ft carrés) tandis que la longueur mesurée devient une loaded water-line (LWL en ft). C'est la Sail Area Rule et on dit par exemple un 20-rater :
Rating = rater = [LWL x SA] / 6000
Tout résidait dans cette fameuse «flottaison pondérée» qui a donné naissance aux skimming dishes avec des étraves en cuiller (spoon bow) et des sections aplaties en U (au lieu du V), des dérives (fin-keels) et des bulbes (lead-bulbs). Ici un South Coast 1-rater photographié en 1895 par G. West. Et là le cotre 20-rater DRAGON plan William Fife 1889 à Francis C. Hill (© West).
Il y a eu plusieurs classes de raters : 1/2 (en 1891) - 1 (1892) - A-Class - 2,5 - 5 - 10 - 20 et 40-rater.
Les dimensions typiques des raters sont les suivantes :
Deux architectes ont dominé cette jauge : Arthur E. PAYNE à Southampton et, à partir des années 1890, Charles SIBBICK à Cowes qui a dessiné le fameux PEGGY BAWN comme un 2,5-rater.
1895 - La Sail Area Rule est remplacée par la Linear Rating Rule en vigueur jusqu'en 1905 et on parlera par exemple d'un 54-footer, on trouve aussi l'appellation linear rater 54 (pour simplifier ...) :
Rating (en ft) = footer = linear rater = [LWL + B + 3G/4 + 0,5 √SA] / 2
Une modification, la Second Linear Rating Rule apparaît en 1901, établie par R.E. Froude :
Rating (en ft) = footer = linear rater = [LWL + B + 3G/4 + 4d + 0,5 √SA] / 2,1
LWL = longueur à la flottaison pondérée,
B = bau maximum,
G = longueur de chaîne (skin girth), de la ligne de flottaison à la ligne de flottaison, mesurée à 60% de la ligne de flottaison,
d = différence des longueurs (on dit aussi corde ou girth) prises à partir du même point au niveau de la flottaison jusqu'au niveau du pied de quille entre celle d'une chaîne qui suit le galbe de la coque (SG = skin girth) et celle d'une autre qui rejoint directement le pied de quille (CG = chain girth).
√SA = racine carrée de la surface de voilure en ft carrés.
Ci-dessous à gauche un beau 30-footer ou Linear Rater 30, plan William Fife 1904. Le dog-house nous semble avoir été rajouté, pas certain ? A droite le 23-footer MAVIS n°7, plan William Fife 1898 construit chez P.R.McLean à Roseneath.
Plan William Fife 1905, le cruising cutter ULDRA, un linear rater-57 (ou 57-footer), construit chez Fife & Son sous numéro 525
pour J. Robertson Blackie de Cove, LOA 64,5 ft (64 ft 6in), LWL 50ft.
On trouve dans ces jauges le fameux PEN-DUICK, le 30-footer EVA et le Clyde 30-footer MIKADO, respectivement plans William FIFE 1898, 1906 et 1904. Ou encore WILFUL, plan Charles SIBBICK 1899.
On y trouve d'autres Clyde 30-footer, par exemple le légendaire PSYCHE, CLIO le bateau personnel de William FIFE (1921), le 30-footer MAYFLY, ou encore le Clyde Linear Class CORIE (1908). A cette époque les britanniques désignaient souvent une classe par l'expression LWL/LOD par exemple le Clyde 19/24'.
La classe des 52-footers a été très représentée : MAGDALEN (plan William FIFE 1901), CAMELLIA (plan PAYNE), LUCIDA et MAYMON (plans William FIFE), MOYANA et BRITOMART (plans Alfred MYLNE), NYRIA. Photo ci-dessus le 57-footer ULDRA plan Fife 1905.
La Grande Classe (Big Class, Big Boats, Big Five) : une précision sur une expression fréquemment utilisée.
En 1893-1903 au tournant du siècle, essentiellement britannique elle regroupait les plus grands bateaux des courses à handicap avant que n'apparaissent les deux jauges universelle et internationale. On y trouvait AILSA, MERRYMAID, CARIAD, BONA, ZINITA, VALDORA, THERESE, TUTTY, BRITOMART, NAVAHOE (plan Herreshoff), CALLUNA (plan William Fife), IVERNA, SATANITA (plan J.M. Soper), les METEOR, etc. Ainsi que les challengers britanniques de la Coupe de l'America de l'époque.
En 1920, la Grande Classe a été élargie aux bateaux de la Classe J de la jauge universelle (1903) ainsi qu'aux 23mJI de la jauge internationale (1907) : NYRIA (le 23mJI de 1906, n°4), BRYNHILD (le 23mJI de 1907), WHITE HEATHER (le 23mJI de 1907, n°7), TERPSYCHORE (LULWORTH, n°2), MOONBEAM, etc. Les Big Five, autre expression rencontrée, avec LULWORTH, BRITANNIA, WESTWARD, WHITE HEATHER II et SHAMROCK font partie de la Grande Classe.
En 2006, le Yacht Club de Monaco a défini la Belle Classe qui comprend les survivants de la Grande Classe et de grands yachts à moteur représentant au total une cinquantaine de propriétaires.
En 2010 à l'occasion de la création de la Westward Cup, on reparle de Big Boats, avec les goélettes ELEONORA (la réplique de WESTWARD), ELENA (réplique du sister-ship de WESTWARD) et MARIETTE, avec le Classe J BRITANNIA (réplique de l'original), avec le ketch THENDARA, avec le 19mJI MARIQUITA et les 15mJI TUIGA et MARISKA.
En 1906, suite logique des travaux menés en Europe du Nord, dont ceux du Danois Alfred BENZON, c'est la Conférence de Londres ... mais auparavant d'autres formules existaient en Europe et aux USA.
Europe et Etats-Unis
1850 - La jauge de la SRH (Société des Régates du Havre), première jauge française : elle définit quatre classes de bateaux suivant la seule longueur totale à hauteur du pont.
1856 - La jauge du NYYC ne prend en compte que la surface de la voilure. Dès 1859, elle est remplacée par une jauge à deux dimensions (longueur et bau). Le lest mobile est interdit.
Pour la Coupe de l'America de 1870, on utilise une jauge dite à la «surface de flottaison» (MAGIC bat CAMBRIA) :
Rating = Longueur LWL x Bau à la flottaison
Pour la Coupe de l'America de 1871, puis en 1876 et en 1881, on utilise une jauge «à déplacement» :
D = 100 x racine cubique de (A x 0,25 Longueur de flottaison)
Avec A = somme de trois sections perpendiculaires à l'axe du bateau, du liston à la quille. Cette jauge ne sera jamais utilisée en Europe.
Pour la Coupe de l'America de 1885, on introduit √S la racine carrée de la surface de voilure :
Rating = 1/3 [2L + √S ] En 1899, elle devient : Rating = 1/2 [ L + √S ]
1870 - La jauge du YCF
On applique la jauge TM en remplaçant dans la formule le chiffre 94 par 27, système métrique oblige.
Puis Gabriel BENOIT-CHAMPY, membre du YCF, répartit les bateaux en deux Séries, la petite et la grande, selon que leur longueur à la flottaison est inférieure ou supérieure à 11 mètres. Quatre classes dans la petite série (déterminées par la longueur) et trois classes dans la grande, déterminées par le déplacement selon la formule :
Rating (en tonneaux) = [LOD x B x C] / 5
LOD = longueur sur le pont du dedans de l'étrave au dedans de l'étambot,
B = le maître-bau, qu'il se trouve au-dessus ou au-dessous de la flottaison,
C = creux sur quille, le creux conventionnel (hauteur du plat-bord du pont au trait extérieur de la rablure de quille au maître-bau, augmenté du tiers de la hauteur de quille au maître-bau ou des dérives à l'endroit où elles se trouvent).
Pour les deux Séries, la surface de voilure, l'équipage et le lest étaient libres.
1880 - 1893 - La jauge germano-danoise (Union Rule) basée sur la seule mesure des voiles (1ère Conférence de Copenhague).
1883 - Côte Est des USA, naissance de la Seawanhaka Rule, la première jauge américaine, à deux dimensions Rating = (LWL + √S)/2 qui a conduit à dessiner des monstres surtoilés, à coques plates de construction trop légère et avec de très grands élancements : RELIANCE en est un parfait exemple.
1886 - La jauge Caillebotte (ou jauge du YCF). Cette première jauge nationale française faisait courir en temps compensé. Jauge à deux dimensions, longueur L et pourtour P de la section au maître-bau B (dite jauge au volume). Elle ne tenait pas compte de la voilure (contre l'avis même de son promoteur mis en minorité par Guédon et Sahuqué, entre autres spécialistes). En 1889 Caillebotte propose de ne prendre en compte que la surface la voilure : c'est la naissance de la jauge des 30 m2 CVP, 45 bateaux ont ainsi couru entre 1890 et 1892 dont LE LEZARD, ROASTBEEF (plan Caillebotte 1892) qui naviguent toujours (reconstruits), les SABOT ex-TRILBY (plan Chevreux 1891 construit chez Luce), VERVEINE (plan Guidicelli), ARICO (plan Caillebotte), PAPOOS (plan Chevreux), ARAIGNÉE ont tous disparu.
Rating (en tonneaux) = [(L-B/2) x (P/4)2] / 5,5
1892 - La jauge Godinet
ou jauge de l'Union des Yachts Français (UYF, nouvelle autorité nationale), sera modifiée en 1901. Elle connait un succès international (c'est la première vraie jauge internationale), elle reprend la jauge Caillebotte de 1886, mais avec trois dimensions : la longueur de flottaison LWL, la surface de voilure S (GV + triangle avant, le moteur) et le pourtour P (périmètre ou skin girth + maître bau) de la coque au maître bau (le frein). La formule est la suivante :
Rating (en tonneaux) = [(LWL-P/4) x P x √S] / 130
Il y aura huit classes de yachts, de 1 tonneau à plus de 40 tonneaux. Les 2,5 tonneaux mesurent 12 mètres au pont, les 10 tonneaux font 16 mètres au pont. Puis les 20 tonneaux feront les beaux jours de la Coupe de France de 1892 à 1910 : citons le 20 tonneaux LUCIOLE vainqueur en 1899 et le 10 tonneaux ROSE FRANCE battu en 1906. On peut aussi citer les survivants : le 2 tonneaux CALYOPE, les 3 tonneaux CALYPSO et PHOEBUS II, le 5 tonneaux BONA FIDE.
1898 - La 2ème Conférence de Copenhague définit une Racing Rule et une Cruising Rule.
1899 - La série à restrictions Sonderklasse : un déplacement maximum de 1830 kg (le poids du Requin), une voilure maximum de 51 m2 et le total [flottaison + largeur + tirant d'eau] inférieur à 9,75 mètres, prix plafonné et revu chaque année. Très gros succès de cette série métrique avant l'heure, il est vrai très soutenue par la famille impériale (35 bateaux construits). Reconnue par l'IYRU en 1906.
1901 - La jauge Marcel Méran créée en 1891 (UYF) revient au goût du jour et remplace la Jauge Godinet de 1892 tandis que les Suisses adoptent la jauge Godinet modifiée. Peu suivie, la jauge Méran restera en vigueur juqu'à l'avénement de la Jauge internationale de 1907. Elle pénalise sévèrement les déplacements légers. La formule de cette jauge Méran est la suivante :
Rating (en tonneaux) = M [(L-P/4) P x S] / 1000
où M est la surface du maître couple, L la longueur, P le périmètre du maître couple (après déduction du franc-bord) et S la voilure.
1902 - La jauge de l'Union germano-scandinave (Union Rule) développée entre 1893 et 1898, définit des bateaux en Classes lettres (3ème Conférence de Copenhague). Les trois conférences de Copenhague auront conduit à la définition de la Scandinavian Rule (S-Rule). La formule, prémonitoire au regard de la future règle de la jauge métrique internationale, est la suivante :
1903 - La jauge universelle ou règlement universel (américain) de Nathanaël Herreshoff définit les bateaux en classes lettres. De A à G pour les unités à deux mâts (goélettes, ketchs et yawls) ; de H à S pour les sloops en passant par la Classe J (plus de 120 pieds), par les classes M, N, P, Q (par exemple le Q Class COTTON BLOSSOM II restauré par Dennis Conner) et R.
Le premier plan dessiné selon cette règle a été le NY 30.
Cette jauge fut adoptée en 1930 par le règlement de la Coupe America, avec le choix de la Classe J. La formule divise le moteur (longueur + voilure) par le frein (déplacement), elle est la suivante :
Rating (en pieds) = 1/3√D x [(0,18 x L x √S)]
3vD est la racine cubique du déplacement, L est la longueur mesurée au-dessus de la flottaison à un quart du bau à partir de l'axe longitudinal du bateau (ceci a pour effet de limiter les élancements extravagants), vS est la racine carrée de la surface de voilure.
1907 - La jauge métrique internationale (en réalité européenne), modifiée en 1919 et en 1933, adoptée au Congrès de Londres le 15 octobre 1906 (suivie de la création de l'IYRU à Paris en octobre 1907, devenue l'ISAF en 1996). C'est le fameux compromis anglo-germano-scandinave auquel les français Louis DYEVRE et Franck BLANCHY, incapables semble-t'il d'expliquer leur propositions en anglais, n'ont adhéré qu'à contre-coeur.
Rating (en mJI) = 0,5 [L + B + 1/2G + 3d + 1/3 (√S - F)]
1949 - Metric cruising rule (mCR), à partir de 1949, à la demande des UYS et YRA, la formule de la jauge métrique de 1919 a été adaptée à la course-croisière par James McGruer et Bjorn Aas. La mCR spécifie un maître-bau et un franc-bord plus importants, un triangle avant élargi, hauteur sous barrots plus grande. En France, on connaît surtout la production d'Eugène CORNU : le 8mCR JABADAO, les 9mCR MEN CREN et SAINT-FRANCOIS, les 12mCR STRIANA et HALLALI. Le spécialiste du 8mCR reste James McGRUER, du 8mCR SONDA, la première unité de la nouvelle jauge (1951) jusqu'à DEBBIE (1966).
A titre de comparaison, le nouveau 6mJI correspond à l'ancien 1 tonneau de 1899, le 8mJI au 2tx 1/2.
Voir l'évolution des formules.
1908 - La jauge de la Square Meter Class, produit les coques les plus rapides possible pour une surface de voilure donnée (hors recouvrement à l'origine), formule dite «au rendement». La jauge a très vite été complétée par une normalisation des échantillonages de façon à interdire les plan extrêmes ou dangereux. La règle a été modifiée en 1925.
1909 - La jauge dite Chemins de fer créée en France en réaction à la jauge internationale. Le 6,50m puis dès 1915 le 8,50m SN pour Série Nationale qui en 1919 deviendra SI pour Série Internationale reconnue par la Fédération Internationale. Peut-être née au Cercle de la Voile de Paris, cette jauge a été proposée par Louis DYÈVRE, membre du YCF, membre de la Société des Régates de Vannes et représentant français au Congrès de Londres de 1906, fondateur (à contre-cœur ...) de la jauge internationale de 1907.
La Série est adoptée en 1911 par la Société Nautique de Genève, elle connaît un beau succès sur le Léman surtout depuis 1973, date à laquelle la jauge a été remodelée (gréement marconi, quille courte à bulbe).
Aujourd'hui
1926 : La Scandinavian Rule (S-Rule). La formule de l'Union Rule de 1902 évolue sous la houlette d'un comité constitué de Benzon à Copenhague (président), de Herlin à Stockholm et de Heickel à Helsinki.
1925 - 1970 : La jauge anglaise du RORC (Royal Ocean Racing Rule) est développée en Europe pour la course-croisière océanique, dans le but d'éliminer les plans qui sacrifieraient la sécurité pour obtenir un meilleur rating :
Rating = [0,15 x L x √S] / √(B x D)
dans laquelle, attention, D est le creux. A noter que le déplacement est approximativement représenté par B x D. On retrouve bien ici aussi cette notion de base du moteur divisé par le frein.
Les Européens préféraient les gréements de sloop ou de cotre. La grande course du RORC est le Fastnet, course créée en 1925.
1928 - 1971 : Les Américains mettent au point la Bermuda Rule, jauge du CCA (Cruising Club of America), formule où entrent L, B et S mais aussi le déplacement, le tirant d'eau et le franc-bord. Les Américains préféraient les gréements de yawl. La grande course du CCA est la Bermuda Race (Newport - Bermudes) créée en 1923.
1931 - Couplage du Fastnet et de la Bermuda Race qui se courent alternativement, le Fastnet les années impaires, la Bermuda les années paires. Une rencontre RORC/CCA a lieu en Angleterre dans le but d'harmoniser les règles de la course au large mais il est trop tôt pour parler de fusion, en particulier pour des raisons culturelles et structurelles.
1971 - 1986 : La jauge IOR (International Offshore Rule), créée par l'ORC (Offshore Rating Council, créé en 1970), réunit enfin les deux jauges du RORC et du CCA :
Rating (IOR lenght en pieds) = [0,13 x L x √S] / √(B x D)
dans laquelle, attention, D est le creux, formule augmentée de quelques corrections de tirant d'eau, de franc-bord, de moteur, d'hélice et d'une approximation de la stabilité par un test d'inclinaison. Pour mesurer la coque on prenait la méthode européenne tandis que pour la mesure du gréement on prenait la méthode américaine.
L'IOR lenght est utilisée pour calculer un coefficient (time allowance), en secondes par mile nautique (s/M) qui est multiplié par la distance de la course et soustrait du temps réel pour donner le temps compensé.
La jauge IOR est aussi utilisée pour définir des classes de bateaux qui courent entre eux en temps réel : la Ton Classe (Mini Ton, 1/4 Ton, 1/2 Ton, 3/4 Ton, 1 Ton, and Two Ton), les 50-footer, les ULDB 70 et les Maxi en sont des exemples. Pour fixer les idées, un IOR 40-footer (un 1 ton) a un rating de 30,55 feet.
C'est la grande époque de l'Admiral Cup.
Suite à des études menées depuis 1976 pour satisfaire les coureurs préférant une handicap rule à une design rule, l'ORC adopte l'IMS (International Measurement System) en complément de l'IOR au profit des croiseurs non pris en compte par cette dernière.
La jauge IOR est utilisée jusqu’en 1993 ; date à laquelle elle sera remplacé par l’IRC et le Handicap National, aujourd’hui Osiris.
1983 - 2000 : le CHS (Channel Handicap System), une création RORC/UNCL, s'applique pour la première fois lors de la course Cowes-Dinard de 1983.
1990 - L'ISAF (ex IYRU) absorbe l'ORC.
1997 - La jauge du Musée maritime de La Rochelle puis du Yacht Club Classique, pour les yachts classiques, plutôt orientée course au large. Hors cotisation YCC, cette jauge est gratuite, transparente et ne comporte pas de critères subjectifs. La formule est :
Rating = [ L x √S ] / 6 x 3√FD
dans laquelle L = 0,5 [LWL + LOD] en mètres, S = surface toutes voiles en m2, FD = facteur de déplacement qui tient compte de L, du Bau maxi et du Tirant d'eau maxi.
Pour la saison 2007, le YCC et la Belle-Plaisance ont unifié leurs règles en créant la Jauge Classique, utilisée par les clubs organisateurs en Atlantique et en Manche.
Hélas, en 2009, le YCC reprenait son autonomie pour faire évoluer la Jauge Classique Handicap (JCH) suivant ses besoins, en particulier avec les Anglais, et la jauge Belle-Plaisance repartait sous sa tente pour devenir le Handicap Plaisance Classique (HPC) afin d'éviter toute confusion. Dès 2011 la JCH domine et le HPC peu utilisé devrait disparaître. La Belle-Plaisance conserve la gestion de son registre, le RFBC dont la base de données hébergée par le FKY allemand regroupe presque tout ce qui flotte, intéressant mais manque de photographies ; ce registre n'a pas été mis à jour depuis 2013, il a disparu.
1998 - La jauge du Comité international de la Méditerranée (fondé à Cannes en 1926) / jauge AFYT. Elle reprend les travaux de l'AIVE (1982) pour les yachts classiques pour la pratique de régates en baies et de courses de liaison. Jauge gratuite hors cotisation AFYT. Certains critères peuvent sembler subjectifs.
En 2005 les Italiens font valoir que la jauge actuelle favorise trop les bateaux larges et peu profonds à déplacement léger, par exemple BONA FIDE ou encore les NYYC. Serait-ce un retour vers les couloirs lestés et les débats des années du début du 20ème siècle ? Non, sans doute pas jusqu'à ce point.
La jauge du CIM intègre une jauge IOR Classic applicable à partir de 2023 qui, bienvenue, permettra peut-être de mettre tout le monde d'accord, Britanniques, Italiens, Espagnols et Français, Méditerranée et Atlantique, en matière de yachting classique. Du coup, le CIM a modifié les catégories des yachts.
2000 - Création de la jauge IRC (International Rating Council) développée par l'UNCL et le RORC à partir du CHS. Formule secrète, auto-déclarative et basée sur le poids à vide, elle permet de calculer pour un bateau donné le facteur de correction de temps (TCC) et les temps rendus les uns par rapport aux autres.
2003 - Lors de son congrès annuel à Barcelone, l'ISAF reconnaît l'IRC comme la nouvelle Jauge Internationale pour la course au large.
2016 - L'image ci-dessous donne le TCC/IRC pour un 6mJI
Certificats de jauge
Le certificat de jauge est un contrat entre chaque coureur et l'ensemble des autres concurrents, établissant l'engagement de chacun à courir sur un modèle de bateau correspondant à des critères précis, mesurés ou déclarés.
Le certificat de jauge (1966), ci-dessous celui du 5mJI MARIJUANA S105, plan Gunnar L. STENBÄCK 1937, comporte généralement deux pages : les données administratives à gauche et les données techniques à droite (détails des calculs, ici on arrive au total de 10 divisé par 2 ce qui donne le rating de 5 mètre JI).
On y trouve la formule de jauge (en 1929 il s'agit donc de la deuxième jauge celle de 1919) juste au-dessus de la signature du jaugeur (dans la formule, le B au numérateur n'est pas très lisible). Ci-dessous une loupe sur la formule :
Le certificat de jauge peut être payant, comme ceux de l'IMS et de l'IRC. Il peut être gratuit, hors cotisations clubs ou associations, par exemple ceux de la Jauge Classique Handicap du YCC ou celui de l'AFYT.
Les Handicaps
Oui, il faut suivre ! Dit autrement, des bateaux différents, caractérisés par une formule de jauge qui donne leur rating, peuvent courir ensemble et sont classés en temps compensé grâce à la formule de handicap qui donne pour chacun d'eux le coefficient (time allowance = réduction de temps) à appliquer au temps réel pour calculer le temps compensé.
Handicap National (HN France Osiris)
Sur demande, tout bateau, y compris un classique, peut faire l'objet d'un certificat de jauge HN. Il se voit alors attribuer un handicap (un brut et un net), résultat de la formule de jauge du HN.
Une formule de handicap lui attribue ensuite un coefficient qui permet de passer pour ce bateau du temps réel au temps compensé. A titre d'exemple :
Notons ici les limites du HN : par exemple le Requin et un 6mJI classique ont le même handicap, ce point précis reste à apprécier par les skippers de ces bateaux et par les organisateurs de régates chargés de les départager sur les parcours !
PY (Portsmouth Yardstick) utilisé par les Britanniques avec la formule :
Temps compensé = [Temps réel x 1000] / Handicap PY
Pour information le handicap PY d'un 49er est de 747 (en 2003, il est révisé chaque année en fonction des résultats de la saison). Ainsi 60 minutes en temps réel deviennent 80 minutes en temps compensé.
PHRF (Performance Handicap Racing Fleet) utilisé par les Américains pour les grands bateaux de course au large.
La formule temps sur distance est la suivante, avec TA = Time Allowance en minutes, D = longueur de la course en miles, PHRF = rating en secondes par mile (on soustrait le TA du temps réel pour obtenir le temps compensé) :
TA = ( D x PHRF ) / 60
La formule temps sur temps calcule d'abord le TCF (time correction factor) = 600 / [480 + PHRF] puis on multiplie le temps réel par le TCF pour obtenir le temps compensé.
Les Américains utilisent aussi le Portsmouth Yardstick pour les croiseurs de taille moyenne mais avec une échelle 100 au lieu de l'échelle britannique 1000).
Temps compensé = [Temps réel x 100] / Handicap PY
Allégeance de temps pour les métriques de la jauge internationale
Le tableau ci-dessous indique l'allégeance temps sur distance établie en 1908 par l'IYRU permettant de faire courir et de classer les bateaux de la jauge internationale entre eux. La base est le 5mJI.