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Jauge universelle 1903, règlement Herreshoff
CLASSE J
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mise à jour le 20/02/2024
Histoire
Avec l'abandon des gréements auriques des big-boats on abandonne aussi la Seawanhaka Rule (RELIANCE, SHAMROCK III, etc) pour adopter la jauge universelle de 1903 (on dit aussi le Règlement Universel de Nathaniel Herreshoff). On va pouvoir courir en temps réel et abandonner le temps compensé des règles à handicap (Seawanhaka Rule, Sail et Linear Area Rule).
En 1927 on construit le premier véritable Classe J de l'histoire, KATOURA*, sur plan W. Starling Burgess pour Robert Eliot Tod. Les autres "big boats" en effet étaient soit les bateaux de la Grande Classe des règles à handicap, soit des 23 mJI de la jauge internationale de 1907.
* Information à vérifier parce que le Yacht du 4 juin 1927, page 284, l'annonce comme étant un 23mJI.
En 1930, on construit cinq bateaux :
Quatre aux USA : ENTERPRISE J1 (plan Starling Burgess avec la fameuse bôme dite Park Avenue), YANKEE J2 (plan Frank C. Paine construit chez Lawleys), WHIRLWIND J3 (plan Francis Herreshoff) et WEETAMOE J4 (plan Clinton Crane, dont les formes inspirèrent à Gunnar Stenback la carène du Requin).
Un autre en Angleterre, SHAMROCK V JK3 (construit en sept mois chez Camper & Nicholsons avec des bordées d'acajou sur membrures d'acier). On sait que SHAMROCK V fut battu par ENTERPRISE (23 winches sur le pont et un mât profilé en Duralumin générant de fait un gain de poids de 20 tonnes dans le lest). Harold Vanderbilt mettait ainsi fin aux derniers espoirs de Thomas Lipton ... Ce dernier, finalement accepté comme membre du Royal Yacht Squadron, refusa d'y mettre les pieds et mourut l'année suivante à 81 ans.
En 1932, c'est le tour de VELSHEDA JK7 construit en acier chez Camper & Nicholson à Gosport, pour W.F. Stephenson, mais sans visée particulière sur la Coupe de l'America. Stephenson possédait auparavant le WHITE HEATHER II, le 23 mètres converti en Classe J en 1930. En 1935, le bateau est considérablement modifié, sa proue et sa poupe sont améliorées.
En 1934, Vanderbilt fait construire RAINBOW J4 (plan William Starling Burgess 1934) aux USA qui bat ENDEAVOUR JK4 pourtant plus rapide, dessiné par Charles Nicholson en Angleterre pour Thomas Octave Murdoch Sopwidth. (Photographié ci-dessous à la barre de ENDEAVOUR, source Newport News VA). Ce dernier courut avec un équipage d'amateurs, l'équipage habituel étant en grève ! Le bateau a été restauré par Gérard Dykstra pour le compte de Elisabeth Meyer, la grande dame de la Classe.
De 1934 à 1937 le rating est fixé à 76.
En 1937 enfin, c'est RANGER J5 (pour Vanderbilt encore) aux USA qui écrase l'anglais ENDEAVOUR II JK6 (T.O.M. SOPWITH encore) par quatre victoire à zéro. Ce sont les deux derniers bateaux construits.
L'architecte suédois Tore HOLM a dessiné en 1937 avec Gustav PLYM les plans de SVEA JS1, qui aurait été le plus grand bateau de la Classe J et aurait peut-être battu RANGER... Le projet HOLM a longtemps été oublié, depuis 2002 il est question de le terminer (parce qu'il aurait été commencé à l'époque), chose faite en 2017.
Quelques bateaux ont porté l'appellation Classe J sans répondre exactement à la jauge universelle :
VANITIE (le I-Class I3 en fait), et RESOLUTE aux USA.
WHITE HEATHER II (23mJI, plan FIFE 1907), BRITANNIA K1 (plan G.L WATSON 1893, reclassé J en 1932 et sabordé en 1936 après la mort du roi George V), ASTRA K2 (plan Ch. NICHOLSON 1928) et CANDIDA K8 (plan Ch. NICHOLSON 1929) en Angleterre.
Il faut ajouter CAMBRIA le 23mJI dessiné par William FIFE en 1928 qui a été transformé en Classe J en 2003, numéro de voile K4.
1937 sera l'année de la dernière course organisée pour des Classe J selon la jauge universelle de 1903. La jauge internationale (1907) est retenue pour la Coupe de 1958 et ce sont les fabuleux 12mJI qui vont prendre la relève, avec SCEPTRE le premier challenger d'après-guerre.

Thomas Octave Murdoch Sopwidth à la barre d'Endeavour © Newport News VA
Résumé
Au total ce sont dix Classe J qui ont été construits entre 1930 et 1937 selon la jauge universelle de 1903 :
- 6 aux USA tous détruits par la corrosion ou démantelés,
- 4 anglais dont trois (SHAMROCK V, VELSHEDA, ENDEAVOUR) sauvés par la vase de leur souille, sont restaurés et en activité.
En ajoutant les deux ex-23mJI existants encore aujourd'hui (ASTRA, CANDIDA deux 23mJI à l'origine, reclassés J en 1931), on compte bien cinq bateaux.
A l'occasion des Voiles de Saint Tropez 2003, l'architecte anglais Theo Rye a rejaugé le 23mJI CAMBRIA K4 qui rejoint la Classe J soixante quinze ans après sa mise à l'eau ! Soit six bateaux.
En comptant la réplique de RANGER modèle 77C-20 (2003), la Classe J comporte sept bateaux dont trois anciens 23mJI.
A venir :
Peut-être bientôt huit si la construction en Russie d'une réplique de BRITANNIA K1 arrive à son terme.
Depuis 1994 le chantier a traîné en longueur à Arkangelsk, chez Solombala Boatyard, pour des raisons d'ordre juridique. Le propriétaire Sigurd COATES vient seulement de réussir à faire transférer (24/07/2009) le bateau à Vardo en Norvège au terme d'une navigation de 2000 miles au moteur (pas de gréement ni moyens de communication) effectuée sous le commandement du Capitaine Esben GLAD. Le bateau doit rejoindre Moss & Son pour les finitions.
Et maintenant neuf avec la construction de HANUMAN, une réplique de ENDEAVOUR II au chantier Dutch Royal Huisman (à Vollenhove aux Pays-Bas) sous la direction de Gerard Dykstra & Partners depuis avril 2007, lancée le 8 mars 2009, sortie prévue en juin 2009 à l'occasion de la Superyacht Cup à Palma.
Un autre réplique de RANGER est livrée en 2010 : LIONHEART JH1 (d'après le modèle 77F parmi les sept modèles qui n'ont jamais été construits) sur plans d'André HOEK construite au chantier Claassen Yard en Hollande, premier Classe-J à avoir une coque en aluminium (sous-traitance aluminium chez Freddy Bloemsma) ; nous en sommes alors à dix bateaux.
On reparle de SVEA JS1, plan Tore HOLM 1937 jamais terminé. En avril 2009, sa construction en est à la mi-parcours. Voir Andre HOEK. Onze bateaux.
On parle aussi d'une réplique de ENTERPRISE J1, plan Starling BURGESS 1930 détruit en 1935, cela ferait douze bateaux.
Voir André HOEK.
Et treize bateaux avec la construction de ATLANTIS sur plan A de Franck C. PAYNE qui avait dessiné un Super-J dans les années 1930, jamais construit. Voir André HOEK.
Quatorze bateaux avec la réplique de RAINBOW prévue chez Gerard Dykstra & Partners. Les travaux ont débuté à l'été 2008. Avril 2009, le projet subit un temps mort.
Notons que le nombre de réplique de RANGER soulève le même débat que celui qui a lieu dans la Classe des 6mJI : certains sont pour l'interdiction des clones tout en restant favorables à la réplique à l'identique de bateaux disparus. C'est à dire : d'accord pour une réplique de RANGER, pas d'accord pour les suivantes !
La J-Class Association (créée en 2000) a bien fait les choses : en effet l'évolution de la jauge (la construction en aluminium, un franc-bord plus haut de 10 cm, une ligne de flottaison plus longue) a permis un regain d'intérêt et un nouvel engouement pour la Classe de la part de ceux qui ont les moyens de financer ce qui est avéré le sport le plus cher du monde.
Au total, neuf yachts de la Classe J sont actuellement en activité : les trois J originaux survivants (VELSHEDA, SHAMROCK V et ENDEAVOUR) et les six répliques construites depuis 2003 (RANGER, RAINBOW, HANUMAN, LIONHEART, TOPAZ et SVEA)























































Galerie Classe J
Registre
Britannia plan G. L. Watson Grande Classe 1893, sloop Classe J 1931, réplique classe J 2010

Quelques articles :
Britannia replica to rule the waves again dans Superyachtnews en 2018
La réplique coincée en Russie, dans Yachting World en 2006
Historic sailing yacht replica of Britannia arrives in Cowes to finish build dans Boat International en 2012 classic-sailing-yacht-k1-Classic sailing yacht K1 Britannia ready for completion dans Charter World en 2013
Le site dédié K1 Britannia,
Ranger, l'américain en acier, plan Starling Burgess & Olin Stephens

RANGER, lancé le 11 mai 1937, construit en acier au chantier Bath Iron Works (Maine) pour Harold Vanderbilt, n'aura vraiment régaté qu'une saison ... Ses architectes, Starling Burgess et Olin Stephens avaient testé sept maquettes en bassin (modèles 77A à F, avec deux modèles 77C).
Son spinnaker était le plus grand du monde avec 1730 m2 de toile. Il a été le premier à utiliser le foc à quatre côtés et deux jeux d'écoutes. En 1941, quatre ans après sa victoire, il est mis à la ferraille et certaines de ses pièces, le plomb du lest en particulier, participeront à l'effort de guerre.
Son tableau arrière a été conservé et se trouve accroché dans le salon d'ENDEAVOUR.
En 2002, les plans ont été revus par les architectes américains Reichel & Pugh qui ont lancé une réplique (la première) construite en acier chez Danish Yachts Boatyard pour un membre du New York Yacht Club (NYYC) selon le modèle 77C-20. Son franc-bord est rehaussé de 10 centimètres par rapport à l'original, le dog-house et les espars sont en carbone. Le poids a augmenté d'une trentaine de tonnes, la flottaison a augmenté d'un mètre soit 27,50 mètres. La longueur totale est restée égale à 41,20 mètres.

Galerie Ranger










Le Classe J RANGER croise au large des Breakers, la villa d'été de la famille Vanderbilt lors de la Candy Store Cup.
Photographie © George Bekris
Velsheda
De droite à gauche : Svea, Ranger, Topaz et Velsheda, à Newport RI
Photographie © Rob Migliaccio
Le Classe J VELSHEDA (K7) a été conçu par Charles Nicholson et construit par Camper & Nicholson en 1933 pour M.W.L. Stephenson, propriétaire de WOOLWORTH. Deuxième design de Nicholson dans la classe J et deuxième grand yacht de Stephenson VELSHEDA vient du nom des trois filles de Stephenson, Velma, Sheila et Daphné. Stephenson n'a jamais prévu de concourir pour l'America's Cup, mais le yacht a plutôt couru contre les plus grands noms de la plaisance classique, y compris BRITANNIA, ENDEAVOUR et SHAMROCK entre 1933 et 1936. Dès sa deuxième saison, le bateau remporte plus de 40 courses et réalise un record exceptionnel de victoires aux régates de Southend à Dartmouth. Parmi les autres sites, Torbay, Swanage et le Solent, tous sous le contrôle du célèbre capitaine Mountifield.
A son époque - vers la fin des années 1930, VELSHEDA représentait ce qu'on faisait de mieux pour les espars, le gréement, les voiles, les équipements de pont et les cordages. Les mâts étaient en aluminium, fabriqués en pliant des plaques et en les rivetant ensemble. Les voiles étaient tissées à partir de nouveaux fils de térylène et les équipements de pont comportaient des winches pour une manipulation plus facile des écoutes. Le gréement dormant dans les années 30 était constitué de cable (rod). Au-dessous du pont, il avait le salon principal, les quartiers des propriétaires à l'arrière et le stockage des voiles et de l'équipement à l'avant.
En 1937, le bateau a été abandonné sur un banc de vase de la rivière Hamble. Ce yacht unique a été sauvé en 1984 par Terry Brabant. De temps en temps, il a participé à la course annuelle Round the Island et, même en mauvais état, il était toujours impressionnant, exécutant le parcours de 60 milles en un temps record. Il a été amarré à Gosport en 1995/96. Il a été acheté en 1996 comme coque nue du chantier C&N en faillite dans le port de Portsmouth. Southampton Yacht Services sur la rivière Itchen a ensuite été chargé d'entreprendre une reconstruction majeure, y compris pour la première fois un nouveau mât monobloc en fibre de carbone et l'installation d'un moteur diesel in-board. Remis à l'eau en novembre 1997 et acheté en 1999 par l'homme d'affaires hollandais Ronald de Waal (de la chaîne européenne de mode vendue au détail WE) qui l'a largement mené sur les circuits de course Maxi et classique dans les Caraïbes et en mer Méditerranée. Texte © Bely Bob

