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LE DRAGON
Plan Johan ANKER 1929
Présentation
Sources : - texte de Bernard Cadoret, fondateur du Chasse-Marée, écrit à l'occasion de la Gold Cup 1996 organisée par la Société des Régates de Douarnenez. Ce texte, accompagné de somptueuses photographies, a été édité sous la direction de Yann KERSALÉ par la SRD avec le concours de la Société Petit Navire.
- textes de Gérald GUÉTAT, Yachting Classique Hors-série n°2 (octobre 2004)
- compléments de l'auteur.
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mise à jour le 06/05/2022
Histoire
Un des meilleurs moyens d'augmenter la flottaison mais au prix d'une belle frayeur !
Le Dragon VALSORINE
à Thierry Hamelle
© François Van Malleghem
Fin des années 20. A l'encontre de ce qui se fait dans les autres grandes nations du yachting, où l'on construit toujours de grands bateaux de course, la Scandinavie tente de développer la pratique de la voile auprès d'un public jeune, aux moyens financiers limités. En 1927, le Royal Göteborg Yacht Club (GKSS, Suède) décide alors d'organiser un concours de plans. But de ce concours : créer une série de quillards de course à cabine, de dimensions moyennes et de construction économique.
Le norvégien Johan Anker, double médaillé d'or olympique (NDLR : sur 12mJI MAGDA IX en 1912 et sur 6mJI NORNA en 1928 pour le compte du Prince Olaf), est chargé d'étudier les propositions des différents architectes en compétition. Il a lui-même une longue expérience de dessin et de construction de petits yachts rapides. Depuis 1905, il est en effet à la tête d'un chantier naval et ses réalisations se sont déjà fait remarquer à plusieurs reprises sur tous les plans d'eau de l'époque. Bien qu'il fasse partie du jury qui décidera des résultats du concours, Johan Anker s'attelle à sa table à dessin. Il en sortira un sloop à gréement marconi modéré, avec une coque aux lignes harmonieuses à la fois pleines et allongées, grâce à d'élégants élancements. Doté d'un petit roof abritant deux couchettes et un équipement minimum, le bateau permet de pratiquer la petite croisière.
Détail peu connu, le plan original comporte un étai avant en tête de mât et un très petit foc sur étai reculé ; le bateau est d'abord appelé 20 m2 de voilure, alors que sa surface de toile sera portée plus tard à quelques 27 m2 (en 1945). Les chantiers scandinaves, qui proposent également des unités moins chères bordées en mélèze, arrivent à sortir des coques en acajou au prix de 1.950 couronnes, soit 132.600 francs. Le projet qui séduit tous les jurés est aussitôt retenu.
Pour la petite histoire, en remerciement de l'aide apportée à la Norvège par la Grande Bretagne durant la seconde guerre mondiale, Johan Anker décida que les constructeurs britanniques de Dragons ne paieraient pas de royalties.
Le Draken suédois était né. Le numéro 1 d'une future longue série sort du chantier Hjalmar Johansson en 1928/1929, dans un premier lot de trois bateaux dont GALEJAN, le numéro SWE 2.
Très vite, la "Dragon mania" gagne les rivages voisins de Norvège (le Drake), du Danemark (le Drage), d'Allemagne (le Drachenboote en 1931) et de Hollande (1934). En 1935, elle touche enfin la Clyde en Ecosse et, en 1938, atteint l'Angleterre, pays jusque-là insensibles aux charmes de ce petit voilier de course habitable qu'ils appelleront le Dragon, nom également retenu au niveau international.
En 1939, Johan Anker dessine un Grand Dragon qu'il barre pendant les deux dernières années de sa vie. Deux bateaux seulement ont été construits, dont un navique encore en 2005 sous le nom de U2 FACIT.
Dix ans plus tard et compte tenu de l'interruption due à la Seconde Guerre Mondiale, le Dragon est choisi comme monotype olympique à quille pour les jeux de Torquay (1948). Le vainqueur, PAN, construit en pin du Nord par l'architecte norvégien Bjarne Aas, entièrement verni, est une vraie splendeur qui impressionne tous les coureurs : c'est la consécration pour le Dragon. Les portes du monde lui sont désormais grandes ouvertes.
En 1945 le gréement est modifié : la voilure passe de 20 à 27 m2.
Les Français découvrent le Dragon en 1947 lors d'un championnat du monde militaire à Copenhague (Commandant de Kerviler). En France, le Dragon fait son apparition dans les années 50, d'abord à la Société des Régates du Havre où quelques unités sont construites. Le numéro 24 est construit chez Bonnin à Arcachon en 1955 pour Simon de Nabias.
... lors des Jeux Olympiques de Kiel (en 1972), une autre série de quillard à trois équipiers, plus légère et sportive, fait ses débuts : le Soling. Quatre ans plus tard à Montréal, seul le Soling représentera les quillards aux Olympiades. La fin d'une époque.
Le Dragon risque alors de sombrer dans l'oubli. Mais les Associations Internationale et Française vont se battre pour sa survie. Le salut viendra, entre autres, du magnifique plan d'eau de Douarnenez où un inoubliable championnat du monde - 63 bateaux en 1985 - sonne le véritable réveil de la série ... Des régates acharnées vont se disputer un peu partout. A terre toutefois, la convivialité des premiers temps du yachting reste de mise. Peu de clubs peuvent se targuer d'une ambiance aussi courtoise et chaleureuse que celle qui règne autour des flottilles d'Arcachon, de Tréboul, de Deauville, du Havre ou de Dunkerque.


Associations et unité connues
Plus de 6500 unités construites dans le monde, dont 1500 adhérents à l'une ou l'autre des 26 associations nationales : Allemagne 410, Angleterre 175, Hollande 130, France 95, Suisse 75, Norvège 40, ...
L'International Dragon Association est créée en 1962, basée à Londres. La jauge est sévère, les évolutions acceptées doivent rester économiques (?) et ne pas rendre obsolètes les bateaux anciens.
L'Association Française de la Série Internationale des Dragon, fondée en 1949 (AFSID) est présidée par Jean Bréger.
En France aujourd'hui, sur 345 numéros attribués, il y a environ 97 unités inscrites. Les flottes les plus actives sont : Cannes (35 bateaux), Douarnenez, Arcachon, Deauville (15 bateaux), Courseulles, La Trinité, La Baule, l'Île de Ré, Noirmoutier.
Le Secrétaire général est Marc de La Fons.
Membres du Conseil et Capitaines (flottes) : Eric LEBON (Manche), Gérard BLANC, Christian BOILLOT, Philippe ROSSIGNOL, Xavier ROUGET-LUCHAIRE (past president), Eric DEVINEAU (Noirmoutier), Eric TEETSOV (Aquitaine), Jean-Claude DANET, Eric MAYDIEU, Louis URVOIS, Xavier BALEY, Gilles RAIMBERT (Classiques), Jean-Pol KERBAOL, Frédéric GOURLAOUEN (Bretagne Sud), Jean-Pierre GAILES (Méditerranée), Ben Le Saoût (Morbihan).
Il y a 426 Dragons France. Le premier y est arrivé en 1948 … le petit dernier a rejoint en 2016. Ils sont répartis sur tout le territoire et sont regroupés en flottes que vous pouvez découvrir dans cette rubrique.
Voici l'Annuaire des bateaux en France.

Championnats
On court chaque année un National et une Gold Cup (offerte en 1937 par le Royal Clyde Yacht Club, toujours courue en Europe) et, en alternance tous les deux ans, un Championnat d'Europe (comptant depuis 1963 pour la Coupe Virginie Hériot, offerte en 1946 par le YCF ; la première édition a eu lieu en Grèce, remportée par l'américain Martin Parry) et un Mondial (premier mondial en Suède en 1965).
Les épreuves importantes de la Série en France sont :
- le Grand Prix de Douarnenez (104 bateaux en 2006) en baie de Douarnenez-Morgat.


- les Régates Royales à Cannes (86 bateaux en 2003),
- la Dragon Saint-Tropez (35 bateaux en 2006)
- la Coupe Vasco de Gama à Arcachon,
- la Classique de Noirmoutier,
- le Derby Dragon et les Voiles de Légende à La Baule,
- le Rendez-vous de la Belle Plaisance à Bénodet.
Les Dragons Classiques (construits avant 1972) ont désormais une section et un classement à part dans la Série, l'AFSID en a décidé début 2005 alors que l'idée couvait depuis 2001. Ainsi les Modernes ont disputé le Championnat d'Europe à la Trinité (du 19 au 26 juin 2005) alors qu'au même moment les Dragons Classiques participaient à la Belle Plaisance à Bénodet (du 23 au 26 juin 2005).
Depuis 2003 les règles permettent d'installer une sorte de carlingue à l'avant et à la poupe des bateaux anciens de façon à combattre l'affaissement des formes et, en raidissant ainsi leur structure, leur permettre de rester compétitifs.
La flotte des commodes en bois était de 38 bateaux lors des rencontres du 75 ème anniversaire. Elle compte en particulier le plus vieux Dragon du monde, GALEJAN SWE 2 ainsi que MOYAN SWE 78.

Le Mondial 1999 à la Martinique a rassemblé 78 bateaux dont 6 français.
Le National Open 2000 a rassemblé 72 bateaux lors des Régates Royales de Cannes du 26 au 30/09/2000 : victoire de FENG SHUI à l'Allemand Michaël Shattan, second DANISH BLUE au Danois Poul Jensen (avec le prince Henrik) et troisième RAT PACK au Danois H. Dahlman. La Série est très active, très sportive et se déplace volontiers sur un circuit de compétitions particulièrement dense. Certaines rencontres rassemblent près de 100 bateaux (Douarnenez, Cannes).
Les 75 ans de la Série ont pointé 263 bateaux (32 pays) sur la ligne de départ unique de la Grande régate du 14 octobre 2004 à Saint-Tropez !
La Gold Cup 2006 s'est déroulée à Douarnenez, l'Allemand BB QUEEN remporte la Coupe (19 pays, 107 bateaux classés dont 26 français).
Le Grand Prix Petit Navire 2007 a vu la victoire de SINEWAVE GER 996, le premier français est AR DIZAON FRA 296 à Jean-Yves LE Deroff qui termine 5ème.
L'Open International de France 2008 s'est déroulé à Cazaux, remporté par Georg Haindl tandis que Christian Boillot termine 3ème sur TAMM HA TAMM FRA 323 et devient ainsi le nouveau Champion de France.
La Gold Cup 2009 a eu lieu à Skagen au Danemark.
Le Championnat d'Europe 2021 a eu lieu en Espagne à Puerto Portals remporté par Torvar Mirsky sur YEAHNAH.
Le Championnat d'Europe 2022 a lieu à San Remo en avril.
Le Championnat du Monde 2022 est prévu en juin en Allemagne à Kuhlungsborn.
Petit registre, morceaux choisis
Ce registre ne peut pas être tenu à jour, même le site officiel français n'y arrive pas ...








Compléments


La construction classique en bois a été arrêtée en 1976. Depuis 1998, Poul Jensen directeur du chantier Petticrows a repris la construction en bois moulé. Les plis d'acajou sont collés à l'époxy sans qu'aucun tissu de verre n'entre dans la fabrication, le pont est en teck. Il en a été ainsi pour la première fois lors de la construction d'AR YOULEG, dont l'éclaté réalisé par Gildas Plessis figure ci-dessus.
Le lest est bas et ramassé au centre. Sa base est longue et droite, contrairement au Requin. Sous le pont les deux tambours servent à régler le hale-bas de bôme, en blanc, et la drisse de génois, en jaune. La pièce métallique en haut à droite est le pousse-mât qui est un réglage niveau étambrai. A droite en bleu, la chaussette de spi.
... le Dragon est suprêmement élégant. Même si la beauté est un concept subjectif, force est de reconnaître l'équilibre de ses lignes et l'harmonie qui se dégage de l'ensemble coque-gréement.
A cela viennent s'ajouter des qualités nautiques exceptionnelles. Le voilier est tout d'abord marin. Grâce aux formes relativement pleines de sa coque, au retour de galbord arrondi et à la position des 1000 kgs du lest placé très bas et ramassé au centre, le bateau fait preuve d'une stabilité incroyable. Il ne roule pas, soulage très vite et lève parfaitement à la lame ...
Pour preuve en 1993, aux Régates Royales de Cannes, seuls les Dragon restèrent en course par trente noeuds de vent ... Et, légèrement sous-toilé, le Dragon ne dispose d'aucun dispositif de réduction de voilure (27 m2), on donne cependant des départs jusqu'à des forces 6 dépassées.
Galerie

A Cannes en 2003 © Patrick Archambeaud

dans la brise du Solent © Beken of Cowes

Derby International de La Baule en 2019 © Stéphanie Billarant

A Cannes en 2003 © Patrick Archambeaud
En début de cette vidéo © Sailing Yacht TV on peut voir le fameux escalier Potemkine à Odessa en Ukraine. Régates entre séries olympiques : Dragon, 5.5m et Star à l'époque où les voiles étaient encore en coton et hommes et femmes en acier trempé !