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Jauge Internationale
6mJI ELFE
n° F77, plan Camatte 1931
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mise à jour le 07/09/2017
Clément BRUNET-MORET nous a aimablement communiqué cette photographie du 6mJI ELFE - au milieu - avec le texte suivant:
Je ne connais pas l'histoire de cette photo mais elle pourrait avoir été prise à Lorient (peut-être alors faudrait-il demander aux personnes qui liront cette page de nous aider a identifier l'endroit....). Le numéro de ce bateau est bien F 77.
Il s'agit d'un plan François CAMATTE de 1931 construit à Lormont (banlieue de Bordeaux) par le chantier Bonnin (qui existe toujours mais à Arcachon). ELFE n'a jamais quitté la façade Atlantique et a notamment appartenu aux Lefevre-Utile (biscuits LU) et fut le premier 6mJI français équipé d'un mât métallique à l'occasion des sélections pour les Jeux Olympiques de 1952 qu'il termina malheureusement dernier derrière BIHANNIC.
Avec un poids inférieur à 4 tonnes, une longueur de 10,45 mètres, une flottaison de 6,86 mètres et un bau de 2 mètres, ELFE est sans doute l'un des 6mJI les plus légers.
Il a été conçu pour le bassin d'Arcachon où il règne généralement une brise inférieure à 8 noeuds et pas de clapot..... ceci explique celà. En regardant les articles d'époque j'ai pu constater qu'il n'a jamais été battu dans ces conditions.
Quand au 6mJI F20 sur la photo - à gauche - il devrait s'agir de TARA F20. Et, à droite, serait-ce un Requin ?
Note de la rédaction : et bien non ce n'est pas un Requin, il s'agirait du 6mJI BIHANNIC selon son actuel propriétaire qui nous a répondu le 15 janvier 2009, nous citons :
"A propos de la photo d'ELFE et de TARA publiée sur votre site et à la lumière des photos communiquées par Jean-Pierre Gaston-Breton, il m'apparait évident que le troisième bateau à l'arrière plan à droite est BIHANNIC. La hauteur et l'importance du grément excluent le Requin auquel bien sûr le roof fait penser. En revanche c'est ce roof qui a occulté la possibilité d'un 6mJI. Mais Jean Pierre Gaston-Breton m'a appris que BIHANNIC possédait un roof amovible (utilisé pour les balades) roof peint en blanc sur sa partie supérieure et qui lui donnait la ligne d'un Requin. Je pense que le doute n'est pas permis.
Cordialement,
Laurent Laffaille, propriétaire de BIHANNIC"


ELFE a été classé parmi les monuments historiques le 12 juin 2002.
Nous reproduisons ci-dessous l'historique correspondant.
Le bateau est construit en 1930 par le chantier Bonnin à Lormont sur les plans de l'architecte François Camatte et mis à l'eau sous le nom de EILEN en 1931. François Camatte est alors un des architectes les plus réputés pour la jauge internationale. Ce voilier soumis à la jauge des 6mJI est un yacht typé pour le petit temps et bien adapté au bassin d'Arcachon, son lieu de navigation. Propriété de M. Dupuy, il régate dès le mois d'août de la même année mais avec des résultats moyens.
Le bateau est vendu à un autre arcachonnais, M. Henry Loste, dont les qualités de régatier permettent à EILEN de s'illustrer, bien que le bateau ait déjà six ans. Rebaptisé CALEDONIA, il gagne la Coupe Clerc-Rampal, la Coupe Gold et et la Coupe Excelsior, puis figure second dans la Coupe de la Désirade et dans la Coupe du Figaro. Malheureusement, le décès de la femme de M. Loste met un terme prématuré à ces beaux succès. Il vend CALEDONIA à M. Jacques Dayde et le bateau est une seconde fois débaptisé pour être dorénavant ELFE.
Un nouvel exploit est relaté dans la revue Le Yacht du 12 août 1939 :
ELFE, à M. Jacques Dayde, gagne brillamment ses deux premières régates : Coupe d'Arcachon et Coupe du Grand Hôtel. Cette double victoire est tout à l'honneur des demoiselles Dayde qui barrent Elfe à tour de rôle, et qui toutes deux se classent désormais comme d'excellentes skippers.
La même revue rapporte le 26 août 1939 le déroulement des Régates d'Arcachon :
Les quatre journées de régate eurent lieu avec des brises totalement différentes, ce qui permit de se faire un idée exacte de la valeur des bateaux ... Par petite brise, ELFE à M. Jacques Dayde est incontestablement le meilleur et peut difficilement être battu ; deux journées de petite brise lui permettent de ce fait de remporter deux victoires nettement détaché de ses concurrents. A noter, en outre, la régate courue par forte brise ou ELFE réussit à se classer deuxième à 21 secondes de HAMSA II à M. René Dayde.
Puis, ELFE passe la guerre dans les chantiers Bonnin à Arcachon où il est racheté à la Libération par Monsieur Lefèvre-Utile. Cet industriel amateur de régates débaptise ELFE pour l'appeler MAMBO, qui quitte pour la première fois les eaux du bassin d'Arcachon pour naviguer en Bretagne Sud. Le bateau est en parfait état et M. Lefèvre-Utile le dote d'un mât métallique. C'est une première en France pour la série des 6m.
MAMBO est deux fois en lice pour les sélections françaises des jeux olympiques. Malheureusement, il termine deux fois deuxième, cédant la place à BIHANNIC notamment.
En 1965, M. Lefèvre-Utile se sépare de MAMBO. Il appartient à André Nicol mais, MAMBO a maintenant 34 ans et le bateau supporte mal sa mature métallique qui le fait vieillir prématurément. Les voiles en dacron plus rigides que le coton ne font qu'accélérer cet inexorable processus.
Le 6mJI est alors abandonné sous la pluie, dans un bac à charbon d'où il sera miraculeusement sauvé, en 1971, par un marin pécheur, Georges Le Botlanne qui le rachète en tant qu'épave et le remet en état.
En 1973, il devient la propriété de Pierre Le Maout qui le dote d'un mât prototype Elvström qu'il possède encore aujourd'hui. Il s'appelle alors GOLEM II.
En 1975, il devient la propriété de Daniel Riou qui le ramène à Arcachon. GOLEM II a alors 44 ans et il retrouve le bassin d'Arcachon ou les fonds sont refaits par Bossuet. (Le bateau faisait énormément d'eau et l'on passait plus de temps à pomper qu'à régler les voiles...). Le bateau navigue très peu et en 1987, M. Riou cède le bateau à un chantier arcachonnais où il est heureusement entreposé sous hangar.
C'est là qu'il est découvert par Clément Brunet-Moret qui le fait venir à Noirmoutier par camion. Le bateau est alors reponté, partiellement remembré et il navigue à nouveau.
En 2005, le quirat propriétaire du bateau l'a fait restaurer au chantier de l'Otarie à Arzal, voir les photographies ci-dessous aimablement communiquées par le chantier.
Galerie


















